mercredi 11 mars 2015

La sortie de l'engrenage

Un aparté s'impose !
Il convient de mettre en perspective les résultats formulés dans le billet intitulé : « On donne le doigt et il vous prend le bras ! » Nous vous invitons d’ailleurs à lire cet article en cliquant ici.

Rappelons brièvement les résultats :

Le groupe ayant répondu favorablement à une première requête est plus engagé dans une deuxième requête plus importante que le groupe contrôle qui ne subit que la deuxième. De plus, quand 1ère requête et 2ème requêtes sont semblables au niveau de la tâche à effectuer et qu'elles portent sur le même sujet, il y a davantage d'acceptation pour la 2ème  requête.Quand les deux requêtes différent en termes de thématique ou de tâche à effectuer, il y a toujours plus de compliance que dans le groupe contrôle mais pas autant que dans le cas précédent. Remarquons que lorsqu'on ne tient pas compte du groupe contrôle, la différence entre les quatre autres groupes n'atteint pas la signification statistique bien que, comme on le constate sur le graphique ci-dessous, la condition doublement similaire semble se démarquer des deux autres. 



Freedman et Fraser (1966) envisageaient trois mécanismes explicatifs possibles:

1- La question de principe: Selon cette idée, le fait d'avoir dit "oui" à une première requête nous oblige à dire "oui" à la seconde. Ayant dit oui à la première, on ne dispose d'aucune bonne raison de dire "non" à la seconde. Ceci devrait surtout se produire si les deux thèmes sont identiques. En effet, lorsqu'ils diffèrent, il serait très facile de refuser la seconde requête sous prétexte qu'elle porte sur une thématique différente.

2- Selon une seconde explication, en ayant accepté la première requête, les sujets se sentent engagés par le sujet ou dans leur relation à l'expérimentateur. 

Mais, à nouveau, l’effet d’engagement explique mal l’augmentation de la compliance trouvée dans les deux groupes dans lesquels la première et deuxième requête étaient différentes: en effet, s'engager à travers la première requête à conduire de façon plus prudente ne devrait pas se traduire par un engagement à améliorer la beauté de la Californie. Ils cherchent dès lors d’autres explications à cette augmentation par rapport au groupe contrôle. Ils proposent qu’un changement plus général dans la mentalité des individus pourrait avoir eu lieu. Quand l’individu marque son accord à la requête, son attitude change.  Il devient à ses propres yeux le genre de personnes qui coopèrent pour les bonnes causes, qui prend des actions dans lesquelles il croit etc. Cela implique que l’augmentation de l’engagement ne dépende pas de l’implication envers une personne ou d'une thématique particulière. 

L’étude de Freedman & Fraser (1966) ne fournit pas les explications définitives à la compréhension des résultats. Cependant, l’idée d’engagement reste plausible pour les auteurs. D’autres auteurs comme Karniol et Ross proposent d’autres mécanismes qui sous-tendent l’engagement des individus. Si vous voulez en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre prochain billet

Bibliographie :


Fraser, S. & Freedman, J. (1966). Compliance without pressure : the foot in the door technique. Journal of Personality and Social Psychology. P.195-202.

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